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Blog d'une Serial Reader
22 juin 2011

Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers

La-solitude-des-nombres-premiers_fiche_livre« La solitude est le fond ultime de la condition humaine. L'homme est l'unique être qui se sente seul et qui cherche l'autre. » (Octavio Paz)

Quatrième de couverture:

Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent. Paolo Giordano scrute avec une troublante précision les sentiments de ses personnages qui peinent à grandir et à trouver leur place dans la vie. Ces adolescents à la fois violents et fragiles, durs et tendres, brillants et désespérés continueront longtemps à nous habiter.

*****

Ce roman, le premier du jeune auteur italien Paolo Giordano, 26 ans lors de sa publication, a eu un succès fou en Italie, remportant le prestigieux prix Strega – l’équivalent italien du Goncourt. Véritable phénomène littéraire au titre aussi accrocheur qu’intrigant, très belle métaphore de la solitude ressentie par ses deux protagonistes, il a bien évidemment eu droit à son adaptation cinématographique, sortie en salle il y a peu. Et forcément, il était impensable pour moi de passer à côté ! Verdict ? Une lecture facile et rapide pour une histoire que j’ai trouvé extrêmement touchante, belle et triste à la fois.

En fait, pour être tout à fait franche, j’ai été aussi bouleversée qu’agacée par Mattia et Alice. En effet, d’un côté je n’ai pu être que touchée par leur solitude et leur incapacité à s’en affranchir : ils n’évoluent dans la vie qu’avec difficulté, sont manifestement incompris par leurs parents, subissent lors de leur enfance la cruauté des autres enfants. Bien qu’ils se comprennent, s’étant reconnus comme étant tous deux des « nombres premiers », ils ne parviennent malgré tout jamais à aller véritablement l’un vers l’autre, du moins jamais pour de bon. Pourtant, ils en ont envie ; ils y pensent à chaque fois qu’ils sont loin l’un de l’autre, se disent que la prochaine fois ils y arriveront, que ça sera la bonne, qu’ils s’avoueront enfin leurs sentiments, même si au fond ils les connaissent déjà. Mais dès que ce moment arrive, ils restent boqués, n’osent pas. C’est que si cette solitude les fait souffrir, ils ne connaissent que cela et ont peur d’en sortir. Alors oui, c’est bouleversant, mais par moments je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir envie de les secouer, de leur dire ‘Un peu de courage, enfin ! Vous avez tous les deux envie de la même chose, alors jetez-vous à l’eau !’ Et comme on pouvait s’y attendre (attention spoiler !), le rapprochement tant attendu n’aura pas lieu, mais au fond je n’ai pas été déçue car un happy end n’avait pas vraiment sa place ici. Toutefois, la fin n’est pas triste non plus, car si on comprend que Mattia et Alice ne seront jamais ensemble, l’espoir d’une vie meilleure est bien présent.

Certes, selon moi le roman n’est pas exempt de défauts. Par exemple, les fréquentes ellipses font que parfois on laisse à la fin d’un chapitre un personnage dans une situation compromettante sans jamais savoir comment il s’en sera sorti, à l’exemple d’Alice (attention spoiler !) qui, invitée à dîner chez Fabio, finit par inonder sa salle de bain en tentant de se débarrasser d’une tomate farcie – car, rappelons-le, elle est anorexique. Bien sûr, plus tard on apprend qu’Alice et Fabio se sont marié, ça n’a donc pas pu trop mal se finir, mais plus tard encore on se rend compte qu’ils n’ont jamais parlé des problèmes d’Alice, jamais évoqué clairement son anorexie, même si Fabio remarquait bien son petit manège. Alors oui, je m’interroge : comment diable s’est-elle sortie de cette situation ? Je suis d’accord pour dire que c’était peut-être mieux de laisser l’épisode en suspens, mais il n’empêche que je ressens quand même une pointe de frustration ! ^^

Autre défaut, ou du moins autre manque que j’ai ressenti, c’est que je n’arrive pas à comprendre pourquoi Alice et Mattia en sont arrivés là où ils en sont. Je sais qu’ils ont tous deux vécu une expérience traumatisante dans leur enfance, expérience qui leur a laissé des séquelles psychologiques, mais de là à expliquer un tel blocage affectif… Pour ce qui est de Mattia, c’est plus ou moins compréhensible : il devait se rendre à une fête avec sa sœur handicapée, mais voilà, il a honte de l’emmener et préfère lui demander de l’attendre sur un banc. À son retour, elle a disparu et jamais on ne la retrouvera. Alors qu’il ait eu un blocage après cela je peux le comprendre, et que ça ne se soit jamais amélioré également car ses parents n’ont rien fait, même s’ils voyaient bien que quelque chose clochait avec leur fils. Au lieu de ça, ils finissent par se sentir mal à l’aise en sa présence et souhaitent le voir quitter la maison. Au fond, sa mère est plus ou moins traumatisée depuis l’événement, le tenant sans doute pour responsable, quant à son père, il l’aime mais est du genre réservé. Toutefois, j’avoue qu’à certains moments j’ai pensé qu’en fait, tout comme sa sœur, Mattia souffrait lui aussi d’une sorte de handicap mental, même si ça n’est mentionné nulle part dans le roman. En ce qui concerne Alice, par contre, j’ai vraiment du mal à comprendre. Obligée par son père à faire du ski, elle est victime d’un accident qui la laisse boiteuse et devient anorexique. Mais pourquoi ce blocage affectif ? Mystère…

Mais ces « défauts » ne changent rien au fait que j’ai trouvé ce roman excellent et cette histoire absolument touchante. Pour un premier roman, je dis chapeau, et j’attends avec impatience le prochain roman de monsieur Giordano !

*****

Quid de l'adaptation cinématographique ?la_solitude_des_nombres_premiers,0

Adaptation réalisée en 2010 par Saverio  Costanzo avec Alba Rohrwacher, Luca Marinelli, Arianna Nastro, Vittorio Lomartire, Martina Albano, Tomaso Neri… Durée : 1h58.

Bande-annonce ici

Je n'ai pas encore eu l'occasion de la voir, mais je vous dirai évidemment ce que j'en pense dès que ça sera fait! En attendant, n'hésitez pas à me donnez votre avis sur le sujet!

Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers (2008)
Points, 342 pages. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. 
Titre en V.O. : La solitudine dei numeri primi.

En écoute: No sound but the wind _ Editors

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