Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'une Serial Reader

5 novembre 2011

Franck Thilliez, Le Syndrome [E]

images« Presque tous les faits historiques sont en réalité à base d'effets hystériques. » (Jacques Sternberg)

Quatrième de couverture :

Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle... Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille. Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés... Il n'en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé. Deux pistes pour une seule et même affaire qui va réunir Henebelle et Sharko. Des bidonvilles du Caire aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux équipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d'une réalité effrayante. Ceux qui ne connaissent pas le syndrome [E], ne savent pas de quoi ils sont capables...

« (...) une intrigue captivante, qui scotche le lecteur à son fauteuil, jusqu'au point final. » Y. P. – Le Monde Magazine

*****

Je n'avais encore jamais eu l'occasion de vous en parler, mais Franck Thilliez fait partie de mes auteurs favoris dont j'ai lu tous les ouvrages sortis en édition de poche. Je me souviens l'avoir découvert il a quelques années grâce à la chronique de Gérard Collard dans le Magazine de la Santé, dans laquelle il avait présenté son roman La Chambre des morts. Sa critique était dithyrambique, celle de Marina Carrère d'Encausse également, et après ça il était impensable que je ne me le procure pas. Depuis, Gérard et Marina sont devenus tout comme moi des fans inconditionnels de Thilliez, présentant chacun de ses livres à leurs sorties et le recevant même en plateau, faisant de lui un habitué de l'émission. « Un auteur de thrillers invité dans une émission sur la santé ? », allez-vous me dire. C'est qu'une des caractéristiques de Thilliez est de pratiquement toujours mettre au cœur de ses enquêtes un élément ayant trait de près ou de loin à la santé, qu'elle soit physique ou le plus souvent mentale, ce qui en fait souvent des romans passionnants et très instructifs car, au-delà de la fiction, on apprend véritablement plein de choses, Thilliez se basant toujours sur des faits totalement véridiques.

J'ai donc commencé mon exploration de l'œuvre de Thilliez par La Chambre des morts, et ce qui est marrant c'est qu'elle aurait très bien pu s'arrêter là, car si j'ai été totalement séduite par l'intrigue, j'ai eu un peu de mal avec le style d'écriture. Pour être plus précis, il ne s'agissait en fait que d'un tout petit détail de rien du tout mais que j'ai relevé tout au long du roman : je trouvais son utilisation des points de suspension tout à fait étrange. En gros, je le trouvais incapable de les placer correctement. C'est bête, certes, mais quand on sort sans cesse de l'histoire pour remarquer des points de suspension mal placés, ça gâche un petit quelque chose tout de même. L'histoire étant néanmoins excellente, j'ai fait fi de cette imperfection et ai décidé de continuer à lire ses romans, pour le meilleur ou pour le pire. Ce fut heureusement pour le meilleur car non seulement ces intrigues sont toujours aussi bonnes voire même meilleures que celle de La Chambre des morts, mais je n'ai plus jamais remarqué cette imperfection depuis. Voilà pour la petite histoire.

Je suis assez contente, finalement, que Le Syndrome [E] soit le premier livre de Thilliez duquel je sois amenée à vous parler. Jusqu'à présent, bien que les ayant tous dévoré et adoré, mon préféré était La Forêt des ombres, qui m'avait vraiment aux trippes et fait sentir de vives émotions – notamment une scène avec un cochon qui m'avait furieusement donnée envie d'entrer dans le roman pour régler les choses moi-même ; ceux qui l'ont lu devraient se souvenir de la scène en question. J'en ai gardé un vif souvenir et, quoi qu'il arrive, il restera toujours parmi mes livres favoris m'ayant profondément marquée. Mais voilà qu'arrive Le Syndrome [E] et je dois avouer être du même avis que Marina Carrère d'Encausse qui affirme qu'il s'agit sans doute là de son meilleur. De savoir si c'est vrai ou pas, chacun en est juge, mais en tous cas c'est du vrai bon Thilliez ! On retrouve pour la première fois réunis dans un même roman les deux enquêteurs principaux de Thilliez, d'un côté le commissaire Franck Sharko, découvert auparavant dans Train d'enfer pour ange rouge et Deuils de miel, et de l'autre le lieutenant Henebelle, qu'on avait pu découvrir dans La Chambre des morts et La mémoire fantôme. Déjà rien que ça, c'est très bien, mais l'enquête qu'ils vont devoir mener, elle, va se révéler tout bonnement captivante, abordant des thèmes tels que le cinéma et tout ce qui a trait à l'image, à la lumière, aux images subliminales et même à l'ophtalmologie, mais aussi la neuroscience et en particulier le neuromarketing, ainsi que l'hystérie – notamment la cécité hystérique et surtout les phénomènes d'hystérie collective – , le cas véridique et terrifiant des orphelins de Duplessis, et puis bien sûr ce fameux syndrome E... Croyez-moi, une fois que vous aurez commencé ce livre il vous sera impossible de le lâcher !

Et puis il y a ce fameux film a l'origine de l'enquête et là je ne peux que dire chapeau ! Parce que ce film, s'il nous est bien sûr décrit en détails, on ne le voit évidemment jamais, et pourtant il se déroule devant nos yeux de la même manière et arrive véritablement à nous instiller cette sensation de malaise. Ah, la magie de l'écriture !

Bref, Le Syndrome [E] est un thriller haletant, captivant, passionnant et même dérangeant qu'il vous faut absolument lire ! Pour vous mettre en appétit, je vous invite à regarder cette interview de Thilliez au Magazine de la Santé – mais prenez garde, elle en dit éventuellement un peu trop à mon goût.

Franck Thilliez, Le Syndrome [E] (2010)
Pocket, 510 pages.

En écoute : If I was your vampire _ Marilyn Manson

Publicité
Publicité
22 octobre 2011

Jonathan Trigell, Jeux d'enfants

9782070379651FS « Celui qui ne peut pardonner aux autres se coupe des ponts qu'il devra traverser, car tout homme éprouve le besoin de se faire pardonner. » (Thomas Fuller)

Quatrième de couverture :

Qui est Jack ? Qui est ce jeune homme accompagné d'un tuteur jouant les pères adoptifs ? Qui est cet adolescent mal dégrossi au comportement infantile, parfois touchant de maladresse, qui semble découvrir un monde qui lui fait peur et lui est résolument hostile ? Que cherche-t-il à cacher et pourquoi vit-il sous une fausse identité alors que les tabloïds anglais traquent « un monstre » ? La rédemption est-elle possible lorsque l'irréparable a été commis ? Comment trouver une place lorsque l'on est devenu la bête noire d'une société vindicative et puritaine nourrissant les tueurs nécessaires à sa soif de sang ?...

*****

Si il y a bien une chose que je peux vous dire, c'est que j'avais vraiment très envie de lire ce livre ! Et évidemment, alors que je l'avais vu à la Fnac des tas de fois, une fois que j'ai voulu l'acheter, ayant soudain un besoin impératif de le lire, plus moyen de le trouver ! Après des mois de recherches infructueuses, je me suis donc décidée à recourir à l'achat en ligne, que je vais à présent avoir bien du mal à laisser tomber. Si je ne l'avais jamais fait avant, c'est que j'étais persuadée que, ne serait-ce qu'avec les frais de port, ça allait me revenir bien plus cher. Que nenni ! Sur Amazon, non seulement le prix de départ est le prix français, moins élevé que le prix belge, mais en plus le site pratique toujours une petite réduction supplémentaire. Et cerise sur le gâteau, si on fait livrer son colis à un point Kiala et non à domicile, il n'y a aucun frais de livraison. Elle est pas belle la vie ? C'est donc toute contente d'avoir fait cette découverte bénéfique pour mon portefeuille que j'ai entamé cette lecture tant attendue.

Et bien sûr, à force d'avoir tant attendu ce livre, j'ai été un chouïa déçue. En fait, je n'ai pas forcément appris quoi que ce soit que je ne savais déjà, je n'ai pas été surprise. En gros je savais de quoi parlait le livre, et ma foi à peu de chose près ça s'est limité à ça.

Ce qui ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture et le thème abordé. J'ai été touchée par le personnage de Jack, emprisonné très jeune pour le meurtre d'une fillette de dix ans, et qui sort de prison à 24 ans en ayant aucune expérience de la vie réelle et qui va devoir apprendre à vivre normalement, essayant de cacher son inexpérience, se créant une autre identité, un autre passé. On compatis avec lui, parce que, malgré le meurtre qu'il a commis il nous est sympathique et c'était il y a tellement longtemps qu'il mérite bien une seconde chance. Pourtant, le peuple britannique n'a pas l'air d'être d'accord avec ça et ne rêve que de lui faire la peau, c'est pourquoi Jack part habiter dans une nouvelle ville, loin de « chez lui », et prend une nouvelle identité, sous la protection de « son oncle Terry ».

Alors ça soulève évidemment ce débat par rapport aux enfants meurtriers : avaient-ils conscience de ce qu'ils faisaient ? Faut-il leur octroyer une seconde chance, ou les condamner à jamais car ce sont de vrais démons, des graines de psychopathes serial killer ? Bien sûr, il n'y a pas de bonne réponse, tout dépend des cas. Je pense qu'il arrive que certains soient véritablement mauvais et que ça ne soit que le début d'une vie de crime et de malfaisance, mais je pense aussi que la plupart méritent bel et bien une seconde chance. Si on prend Jack et son ami, je pense qu'ils avaient des circonstances atténuantes : A n'a jamais eu d'amis, a toujours été rejeté et tabassé par les autres, et n'a sans doute jamais dû ressentir beaucoup de réelle affection de la part de son père, qui a toujours cru qu'il n'était pas son fils ; B quant à lui, garçon un peu étrange, n'a pas d'amis non plus et se fait abusé par son grand frère. Quand Jack rencontre B, pour la première fois il se sent plus fort et ça lui fait du bien. Finalement je me dis que ce meurtre était prévisible, parce que si ça n'avait pas été cette fille, ça aurait été une bagarre qui aurait mal tourné, où ils auraient frappé trop fort, ayant pour une fois le dessus. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé et ce qui me choque le plus c'est la diabolisation que le peuple britannique a fait de ces enfants, malgré le fait qu'ils n'aient jamais raconté ce qui s'était vraiment passé. En partie parce que la victime est une jolie petite fille modèle et qu'eux – et particulièrement Jack – sont laids, on en fait des monstres qu'on est prêt à traquer même des années plus tard une fois leur peine purgée. Alors que la vérité est tout autre. Car ce « petit ange » qu'ils ont tué n'était peut-être pas si angélique que ça, même si elle ne méritait pas d'être tuée pour autant. A et B ont vu quelque chose qui les a troublé, et qui l'a troublée elle-aussi, et elle a fait preuve de rudesse et d'insolence à leur égard à un moment qui, bien que légitime, était mal choisi. La combinaison des deux a suffit pour qu'advienne le pire, voilà tout. Mais le peuple et la presse, ne connaissant pas la vérité et si prompts à juger, ne seraient de toute façon pas prêts à pardonner. Malgré tout, qu'ils refusent après tant d'années de laisser Jack vivre sa vie me sidère.

Et pourtant, je ne peux pas vraiment les en blâmer totalement. Je ne comprends certes pas qu'ils ne le laissent pas tranquille : il est censé mener une nouvelle vie sous une nouvelle identité, personne n'est censé savoir qui il est – franchement, qu'on lui lâche la grappe ! Toutefois, dans l'optique où ses voisins, ses collègues, sa petite-amie découvrent qui il est vraiment, comment devraient-ils réagir ? Comment nous-même réagirions-nous ? C'est facile de dire qu'il faut leur laisser une seconde chance, mais si nous-même étions concernés par sa présence que ferions-nous ? Ne nous sentirions-nous pas menacés ? On a déjà vu tellement de psychopathes qui avaient pourtant l'air tellement gentils, serviables et inoffensifs... Mais imaginons-nous maintenant dans la situation inverse : tout le monde pourrait être amené un jour à faire une grosse bêtise. Ne voudrions-nous pas avoir une seconde chance dans ce cas ? Et si en plus cette bêtise avait été commise dans notre enfance et que nous soyons resté tant d'années en prison, les années les plus importantes de toutes ? Ou s'il s'agissait de nos enfants ? Bref, un sujet vaste et complexe à méditer !

Pour revenir au livre, là où j'ai été le plus déçue c'est la fin. Le pire c'est que d'une certaine façon elle m'a plu, parce qu'elle montre bien que Jack est un être fragile et qu'il a peur. Mais du point de vue de l'auteur je trouve que c'est un peu trop facile comme fin. En gros quand une autre partie de l'histoire s'apprête à commencer, l'auteur choisi d'y mette fin, et je ne sais pas trop quoi en penser.

Un livre malgré tout agréable et touchant et qui surtout fait réfléchir.

*****

Quid de l’adaptation cinématographique ?134123-b-boy-a

Adaptation réalisée en 2007 par John Crowley, avec Andrew Garfield, Peter Mullan, Katie Lyons, Shaun Evans, Siobhan Finneran et Antony Lewis. Durée : 1h40.

Bande-annonce ici

Avec Boy A, John Crowley nous offre une adaptation plus que fidèle du roman de Jonathan Trigell – de ce point de vue-là il n'y a rien à redire ! Rien à redire non plus sur la distribution, le fantastique Andrew Garfield en tête, nous offrant un Jack Burridge émouvant et terriblement humain et dont l'interprétation sublime non seulement le film mais l'histoire toute entière. Garfield qui confirme l'excellente impression que j'avais de lui depuis sa non moins superbe prestation dans Never let go et qui le fait sans doute figurer parmi les meilleurs acteurs de sa génération.

Une adaptation fidèle donc, où j'aurais pu me heurter aux mêmes soucis que lors de ma lecture. Si ce n'est qu'il s'est passé une ou deux semaines depuis ma lecture, semaines durant lesquelles j'ai continué à y réfléchir, et cette réflexion combinée au visionnage du film m'a fait comprendre que finalement cette histoire se situe au-dessus de la question de la culpabilité de Jack. Jonathan Trigell n'a pas écrit un livre polémique sur les enfants criminels et leur culpabilité – cette question, ce débat, il le laisse aux lecteurs qui en seront seuls juges. Une fois qu'on a compris et accepté ça il suffit de se laisser porter par Jack et ses émotions. Et alors on se rend comte que la fin imaginée par Trigell est la meilleure possible si on ne veut pas finir par rentrer dans ce débat. Bref, tout ça pour dire que j'ai une meilleure impression maintenant et que je me suis peut-être montrée un peu dure. Mea culpa.

*****

Jonathan Trigell, Jeux d'enfants (2004)
Folio Policier, 363 pages. Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet. 
Titre en V.O. : Boy A.

En écoute : A Ribbon _ Devendra Banhart

9 octobre 2011

Camilla Läckberg, L'oiseau de mauvais augure

l-oiseau-de-mauvais-augure-56224 « Plus d'hommes se sont noyés dans l'alcool que dans la mer. » (W. C. Fields)

Quatrième de couverture :

L'inspecteur Patrik Hedström est sur les dents. Il voudrait participer davantage aux préparatifs de son mariage avec Erica Falck, mais il n'a pas une minute à lui. La ville de Tanumshecle s'apprête en effet à accueillir une émission de téléréalité et ses participants avides de célébrité, aussi tout le commissariat est mobilisé pour éviter les débordements de ces jeunes incontrôlables. Hanna Kruse, la nouvelle recrue, ne sera pas de trop. D'autant qu'une femme vient d'être retrouvée morte au volant de sa voiture, avec une alcoolémie hors du commun. La scène du carnage rappelle à Patrik un accident similaire intervenu des années auparavant. Tragique redite d'un fait divers banal ou macabre mise en scène ? Un sombre pressentiment s'empare de l'inspecteur. Très vite, alors que tout le pays a les yeux braqués sur la petite ville, la situation s'emballe. L'émission de téléréalité dérape. Les cadavres se multiplient. Un sinistre schéma émerge... Dans ce quatrième volet des aventures d'Erica Falck, Camilla Läckberg tisse avec brio l'écheveau d'une intrigue palpitante. Cueilli par un dénouement saisissant, le lecteur en redemande.

*****

Pour ce quatrième roman, nous avons cette fois deux enquêtes en parallèle. La première reste plus ou moins dans le ton des précédents romans, avec histoires et secrets de famille inavouables – et honnêtement moi c'est ce que j'adore avec les romans de Camilla Läckberg : le fait qu'on soit dans une petite ville a priori sans histoires, où tout le monde se connaît plus ou moins, mais où les familles ont toutes l'air d'avoir de lourds secrets à cacher – tandis que la deuxième dénote totalement avec ce dont on a l'habitude. En effet, Fjällbacka devient le lieu de tournage d'une émission de téléréalité dont l'une des candidates va bientôt être retrouvée morte. Et là, j'avoue que j'ai moins aimé. Bon, faut dire que je ne suis pas du tout fan de téléréalité – à l'exception de Koh Lanta ^^ – et que je déteste par dessus tout le genre de personnes qui y participent. C'est bien simple : eux et moi ne devont pas être de la même espèce. Alors qu'ils s'immiscent dans un de « mes » romans, je dis non ! En gros, je crois que j'étais plus ou moins contre cette idée dès le départ et je n'ai pas réussi à me défaire de ce sentiment. Cette partie de l'intrigue ne m'a donc pas du tout intéressée et pour être honnête, je n'en ai pratiquement rien lu. Heureusement, il ne s'agit que d'une partie de l'histoire et pour ce qui est du reste c'est tout aussi bien que d'habitude – et en ce qui me concerne, la partie téléréalité n'a pas réussi à me gâcher le plaisir de lire le restant.

Un quatrième tome un peu en demi teinte, donc, mais qui ne m'empêche pas d'attendre le cinquième avec impatience – en espérant qu'il se retrouve bientôt dans ma PAL :-)

Camilla Läckberg, L'oiseau de mauvais augure (2006)
Actes Sud, 365 pages. Traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. 
Titre en V.O. : Olycksfågeln.

En écoute : I bet you look good on the dancefloor _ Arctic Monkeys

9 octobre 2011

Camilla Läckberg, Le Tailleur de pierre

images « L'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade. » (Cardinal de Richelieu)

Quatrième de couverture :

« La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l'avoir esquintée. Il jeta un coup d'œil par-dessus bord mais ce qu'il vit n'était pas le casier. C'était une main blanche qui fendit la surface agitée de l'eau et sembla montrer le ciel l'espace d'un instant. Son premier réflexe fut de lâcher la corde et de laisser cette chose disparaître dans les profondeurs... » Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l'eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu'un l'a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille ? Alors qu'Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu'il est bouleversé d'être papa, Patrik Hedström mène l'enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines – querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles – dont les origines peuvent remonter jusqu'aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.

*****

Après ce troisième volet, je crois que je peux vous l'annoncer officiellement : je suis fan de Camilla Läckberg ! Ca y est, ça c'est dit, et je n'en ai pas honte le moins du monde, peu importe ce que certains en disent ou en pensent ! Après tout, personne n'a raison ou tort dans cette histoire : chacun ses goûts !

C'est donc avec plaisir que j'ai effectué ce troisième voyage à Fjällbacka, petit village qui continue à me donner envie d'aller en Suède, malgré tous ces vilains meurtres ! ^^ – fictifs, of course ! Une fois encore, passé et présent sont étroitement et habillement mêlés, et nous avons droit à deux récits en parallèle, celui de l'enquête, bien sûr, et celui du passé, forcément lié à l'enquête, mais comment ? C'est là toute la force de Camilla Läckberg, d'arriver ainsi à ce que l'on s'interroge en permanence sur le lien entre les époques et les personnages, nous menant sans cesse sur de fausses pistes, jusqu'à la révélation finale. Bah moi j'adore et décidément je ne comprends pas toutes ces critiques négatives à son égards – remarquez je n'ai lu que celles concernant La Princesse des glaces et ai cessé de m'y intéresser depuis, peut-être certains ont-ils changé d'avis, à moins qu'ils n'aient renoncé à lire la suite, et pour vous le dire franchement je m'en fou ! Ca me ferait presque oublier qu'il y a des gens qui, comme moi, ont adoré, et en ce qui me concerne c'est pas peu dire ! Je trouve les intrigues vraiment excellentes, non-prévisibles, et pour ce qui est du « à côté » et bien il ne me dérange en rien, au contraire !

Sur ce, je ne compte m'arrêter en si bon chemin et vais de ce pas m'attaquer au quatrième tome, puisqu'il se trouve être dans ma PAL... Tchüss !

Camilla Läckberg, Le tailleur de pierre (2005)
Actes Sud, 477 pages. Traduit du suédois par Lena Grumbach et catherine Marcus. 
Titre en V.O. : Stenhuggaren.

En écoute : Papillon _ Editors

9 octobre 2011

Camilla Läckberg, Le Prédicateur

le-predicateur « Qui souffre mal fait souffrir. » (Christian Chabanis)

Quatrième de couverture :

Dans les rochers proches de Fjällbacka, le petit port touristique suédois dont il était question dans La Princesse des glaces, on découvre le cadavre d'une femme. L'affaire se complique quand apparaissent, plus profond au même endroit, deux squelettes de femmes... L'inspecteur Patrik Hedström est chargé de l'enquête en cette période estivale où l'incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d'Erica Falck, sa compagne. Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Hult, dont le patriarche, Ephraïm, magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons, Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent. Alors que Patrik assemble les morceaux du puzzle, on apprend que Jenny, une adolescente en vacances dans un camping, a disparu. La liste s'allonge... Une nouvelle fois, Camilla Läckberg excelle à tisser son intrigue, manipulant son lecteur avec jubilation, entre informations finement distillées et plaisir de nous perdre en compagnie de ses personnages dans une atmosphère provinciale lourde de secrets.

*****

Retour à Fjällbacka pour une nouvelle enquête mêlant passé et présent et impliquant la grande et étrange famille Hult. L'intrigue, entre mensonges et secrets de famille, m'a une fois de plus beaucoup plu, réussissant à garder le suspense jusqu'au bout. Je ne voudrais bien sûr pas vous révéler la fin, mais outre l'identité du/des tueur(s), c'est surtout la raison pour laquelle il(s) a/ont agi qui m'a frappée, avec cette idée qu'au fond les coupables sont plus nombreux qu'on ne le croit et qu'il faut parfois faire attention à ce qu'on raconte.

Attention spoilers !

En effet, quand on nait dans une famille croyante, avec un père prédicateur capable d'électriser les foules ; quand on est soi-même le jouet de ce père qui se sert de vous en faisant croire que vous possédez le don de guérir les autres ; quand on est un enfant qui croit dur comme fer que tout cela est vrai et que, parce que ça paraît tellement évident aux adultes que tout cela est du pipeau, tout le monde croit que vous le savez aussi, et personne ne prend la peine de vous le dire si bien que vous grandissez sans connaître la vérité et que la perte de votre soi-disant don vous détruit ; dans ces conditions seul le malheur peut arriver. Et en même temps, qui pourrait vous blâmer d'avoir fait du mal ? Est-ce vraiment de votre faute ? Toujours est-il que j'ai été plus que séduite par cette révélation coup de poing qui arrive à la toute fin du roman et que j'en suis arrivée à avoir pitié de ces pauvres enfants vivants dans une illusion entretenue de génération en génération, le pire étant que les responsables ne soupçonnent pas une seule seconde l'impact de leur comédie. Et puis ça m'a aussi beaucoup plu que pour une fois on n'ait pas affaire à un psychopathe malveillant et dérangé.

Fin du spoiler !

À côté de l'intrigue policière, on suit toujours la vie de nos héros et, oui, j'avoue que cette fois j'ai trouvé ça parfois totalement inutile ! Le problème je pense, c'est que Erica est devenue un personnage secondaire dans ce deuxième roman. Enceinte, elle ne peut pas participer à l'enquête – remarquez que n'étant pas flic, elle n'est jamais censée participer à des enquêtes, enfin soit – sauf que Camilla Läckberg n'a pas envie qu'on l'oublie pour autant et donc se croit obligée de nous raconter sa vie quotidienne, du moins c'est l'impression que ça donne. Si ce n'est qu'à part la suite de l'histoire concernant Anna, sa sœur, le reste – les invités encombrants en tous genres – n'apportent strictement rien à l'histoire. Toutefois, ce ne sont pas des détails suffisants pour plomber l'ensemble du livre qui reste pour moi excellent !

Camilla Läckberg, Le prédicateur (2004)
Actes Sud, 375 pages. Traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. 
Titre en V.O. : Predikanten.

En écoute : On my shoulders _ The Dø

Publicité
Publicité
9 octobre 2011

Camilla Läckberg, La Princesse des glaces

9782742775477« Persécuteur et persécuté sont identiques. L'un s'abuse en ne croyant pas avoir sa part de souffrance ; l'autre s'abuse en ne croyant pas participer à la culpabilité. » (Arthur Schopenhauer)

Quatrième de couverture :

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête (à moins qu'une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l'œuvre), Erica se convainc très vite qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point - et sur beaucoup d'autres -, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge clans les strates d'une petite société provinciale qu'elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d'autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d'un peintre clochard - autre mise en scène de suicide. Au-delà d'une maîtrise évidente des règles de l'enquête et de ses rebondissements, Camilla Läckberg sait à merveille croquer des personnages complexes et - tout à fait dans la ligne de créateurs comme Simenon ou Chabrol - disséquer une petite communauté dont la surface tranquille cache des eaux bien plus troubles qu'on ne le pense.

*****

Ah, La Princesse des glaces ! J'avais très envie de lire ce livre, d'autant plus que les avis à son sujet sont très divergents. D'après ce que j'avais pu lire le concernant, tout le monde s'accorde plus ou moins sur le fait que l'intrigue policière est bonne, mais certains la trouve gâchée par tout un tas de scènes soi-disant mièvres où Camilla Läckberg étale la vie privée de ses personnages, tandis que d'autres trouvent au contraire ces scènes bienvenues. Dans ces cas-là, je ne peux pas résister à l'envie de me faire ma propre idée. C'est à présent chose faite, et je vous annonce solennellement que je fais partie de la seconde catégorie !

Au fond, si je n'avais pas lu de critiques avant, je ne me serais fait aucune réflexion particulière à ce propos car je n'ai ni trouvé qu'il y avait des longueurs, ni que ça alourdissait l'intrigue de détails inutiles. Mais puisque mon attention a été attirée sur ces scènes, et bien je vais vous dire pourquoi je les apprécie. D'une part, j'aime beaucoup ça quand on rentre dans la vie des enquêteurs. Pour moi, une histoire où le flic est juste le flic, juste le gars qui enquête, c'est pas génial, parce que ces gens-là ont une vie en dehors, des sentiments, des petits soucis n'ayant rien à voir avec leur travail. Ce sont des êtres humains comme vous et moi, et certes ça ne fait sans doute pas avancer le schmilblick de savoir qu'ils se lamentent sur leurs petits bourrelets disgracieux, mais ça les rend profondément humains et sympathiques. Et personnellement, que l'héroïne ne soit pas une grande blonde à forte poitrine aux mensurations parfaites et avec zéro gramme de cellulite, mais une femme ordinaire plus ou moins obligée de suivre un régime si elle ne veut pas grossir, qui se plaint parce qu'elle a du ventre et qui a peur que l'homme avec qui elle s'apprête à sortir le remarque, ben moi ça me plait parce que ça me fait penser à moi, tout simplement. Quant au fait que le héros soit plutôt gourmand et s'inquiète également de son tour de taille, je trouve ça terriblement mignon. D'autre part, je pourrais comprendre que ce soit des détails ennuyeux si Erica et Patrik n'étaient les héros que d'un seul livre. Or, nous allons être amener à les revoir, et plus d'une fois. Ces détails servent à faire leur connaissance, parce qu'on va les retrouver et s'attacher à eux et à leur vie en parallèle avec les enquêtes qu'ils vont mener. Si on se fichait de leur vie, alors ça pourrait tout aussi bien être les mêmes enquêtes, mais avec des policiers/enquêteurs différents à chaque fois. Bref, vous m'avez comprise.

Outre ce débat, passionnant s'il en est, je suis entièrement d'accord pour dire que l'enquête policière est juste géniale ! Il y a du suspense jusqu'au bout, perso je n'avais rien deviné, et j'ai adoré le fait de gratter le vernis de ce petit village à priori sans histoire mais qui cache en fait de sordides affaires – encore et toujours ces apparences qui comptent plus que tout dans une petite société où tout le monde se connaît et ne se prive pas de juger les autres. Puis moi qui rêve d'aller en Suède, l'immersion totale dans ce petit village de pêcheurs m'a beaucoup plu. Tellement que j'ai décidé d'enchaîner directement avec Le Prédicateur.

Camilla Läckberg, La princesse des glaces (2003)
Actes Sud, 381 pages. Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvernain. 
Titre en V.O. : Isprinsessan.

En écoute : Black balloon _ The Kills

9 octobre 2011

Harlan Coben, Sans un adieu

31531-h350« Le mensonge des uns est l'antidote aux mensonges des autres. » (Bernardo Carvalho)

Quatrième de couverture :

Laura et David, l'ancienne top model devenue femme d'affaires et la star de l'équipe de basket des Celtics : un couple béni des dieux. C'est en pleine lune de miel que la tragédie frappe : David part nager et disparaît. Sans un adieu. Laura va alors découvrir des secrets bien enfouis...

« Tout est déjà là et on comprends pourquoi Harlan Coben est devenu le roi du thriller. » B.B., Marie France

« Un thriller très psy qui mélange sueurs froides et coups de chaud pour mieux nous retourner le sang. » Rosita Boisseau, Biba

*****

À l’ouverture de ce livre, un avant-propos de Coben nous enjoignant à reposer ce livre si nous n’avons jamais lu un de ses romans auparavant. La raison ? Le fait qu’il l’ait écrit à l’âge de 20 ans et qu’il soit maintenant publié sans qu’il l’ait ni retravaillé ni même relu. Envie bien naturelle que de ne pas vouloir être découvert avec ce roman de jeunesse, sauf que je vais vous dire : en l’achetant je n’avais pas la moindre idée que ce livre avait été écrit il y a si longtemps, et ma foi si le sieur Coben n’avait rien dit je crois bien que je n’aurais rien remarqué !

C’est bien dans le style de ce qu’il fait d’habitude, impossible de s’y méprendre ! Contrairement à la série Myron Bolitar, il n’y a pas beaucoup d’humour et on est vraiment dans le drame. On ne suit pas un seul personnage mais on saute d’un à l’autre, ce qui d’une certaine façon brouille habilement les pistes. C’est une lecture assez active car on essaye vraiment de tout réunir afin de trouver le coupable, mais on a beau avoir des indices, des fragments de tout un tas de choses… personnellement j’avais fini par accuser tout le monde sauf la bonne personne !

Je vais vous dire le défaut que j’ai fini par trouver à l’œuvre de Coben : le fait que dans presque tous ces romans les personnages féminins – à l’exception notable de Big Cindy – sont toujours de superbes femmes à la plastique de rêve, qui en plus sont intelligente et ont forcément la chance d’être tombée sur le mari idéal qui est raide dingue amoureux d’elles. Et ça, j’en ai marre, marre, marre ! C’est pour ça que j’ai autant d’affection pour Erica Falck et Patrick Hedström et leurs kilos en trop. On arrête pas de nous mettre des gens beaux, riches et célèbres sous le nez : regardez la télé, allez au cinéma, écoutez des chanteuses… Comment ne pas se sentir comme un sac à patates à côté ? Mais si en plus les mannequins envahissent même nos bouquins, trop c’est trop ! Ce n’est pas de la jalousie, ce n’est pas ça, c’est juste que j’aimerais bien de temps en temps pouvoir m’identifier aux héroïnes des romans que je lis. Or, je ne suis pas un mannequin et ne le serais jamais. Je ne sais pas ce que c’est d’être admirée, d’avoir tout le monde qui se retourne sur mon passage, et ne le saurais jamais. Et c’est parfois usant d’avoir tout qui vous le rappelle et qui vous ferait presque croire qu’à côté de la plupart des gens vous êtes Quasimodo alors qu’au fond ce n’est pas le cas. Alors oui, je le crie haut et fort, je voudrais des filles normales pour héroïnes de romans, de films ou de série ! Est-ce vraiment trop demandé ?

Cela étant dit, les livres de Coben restent d’excellents romans, et si ma foi vous n’en avez jamais lu et que vous voulez commencer par celui-ci, je pense que vous ne serez pas déçus, même si ce n’est pas son meilleur – en même temps, qui commence par le meilleur ne pourra qu’être déçu par la suite, pas vrai ?

Harlan Coben, Sans un adieu (1990)
Pocket, 576 pages. Traduit de l'anglais par Roxane Azimi. 
Titre en V.O. : Play dead.

En écoute : Days are forgotten _ Kasabian

1 octobre 2011

Maxime Chattam, Le diptyque du temps, tome 2: Le Requiem des Abysses

dfghjkl« Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour. » (Friedrich Nietzsche)

Quatrième de couverture :

Pour oublier le criminel qui a terrorisé Paris lors de l'Exposition universelle de 1900 et se remettre de leurs aventures, l'écrivain Guy de Timée et Faustine, la belle catin, se sont réfugiés au château d'Elseneur dans le Vexin. Mais là, dans une ferme isolée, une famille est assassinée selon une mise en scène macabre, alors que l'ombre d'une créature étrange rode dans les champs environnants... Guy, dans sa soif de comprendre le Mal, de le définir dans ses romans, replonge dans ses vieux démons, endossant à nouveau ce rôle de criminologue, qui le conduit peu à peu, comme un profiler avant la lettre, à dresser le portrait du monstre. Pendant ce temps, à Paris, les momies se réveillent, les médiums périssent étrangement et les rumeurs les plus folles se répandent dans les cercles occultes...

*****

Ca y est : j'ai eu ma première déception chattamienne. Enfin, tout est relatif. Je m'explique : je trouve ce deuxième volet du diptyque du temps tout à fait en adéquation avec le premier, ce qui veut dire que je ne le trouve pas mauvais, mais après ce que nous laissait entrevoir la première partie du roman, je m'attendais à tout autre chose.

Déjà je trouvais que c'était une très bonne idée pour ce second tome de se retrouver dans un petit village de campagne après avoir découvert le Paris de l'Exposition universelle, parce que ça nous donnait l'occasion de continuer à explorer cette époque mais d'un autre point de vue. Et puis l'histoire surtout, avec ces familles entières massacrées, et Guy pris à témoin... c'était tout simplement prenant, haletant, terrifiant et surtout terrible. Pour moi il y avait moyen de partir dans une histoire bien noire, d'une dimension autre que dans Léviatemps. Bref, il y avait du potentiel. Et puis soudainement – attention spoilers ! – le coupable est trouvé mais tout n'est pas résolu pour autant car il n'était pas seul mais juste un pion sur l'échiquier, et on repart à Paris, re Exposition universelle, re séance de spiritisme, avec des histoires d'évasions et de momies, et je regrette de le dire mais ça en devient ridicule ! Certes, j'ai bien aimé le fait que tout compte fait Guy se soit trompé sur l'identité d'Hubris et que ce soit finalement toujours la même enquête qui se poursuive ; j'ai aimé le fait que la famille de la femme de Guy le retrouve enfin et qu'il doive s'expliquer ; et oui, j'ai adoré le fait qu'il n'y ai pas un vrai happy end (cf. Faustine). Mais je n'ai jamais réussi à surmonter ma déception que l'intrigue de départ n'ai pas été la seule, une intrigue simple, classique et noire à souhait qui avait réussi à ma glacer les sang et à me prendre aux trippes mais qui s'est malheureusement transformée en une mascarade ridicule.

En résumé, si vous avez lu et apprécié Léviatemps, vous êtes plus ou moins obligés de lire Le Requiem des abysses pour connaître le fin mot de l'histoire, car il ne s'agit pas de deux enquêtes différentes mais de la même qui n'est pas terminée. Mais honnêtement, je m'en serais bien passé et me dis qu'un seul tome eut été suffisant !

Maxime Chattam, Le Requiem des Abysses (2011)
Albin Michel, 454 pages.

En écoute : I am the Walrus _ The Beatles

1 octobre 2011

Maxime Chattam, Le diptyque du temps, tome 1: Léviatemps

41193_1614789650073_1246287683_31739910_6138202_n « Le temps mûrit toute choses ; par le temps toutes choses viennent en évidence ; le temps est père de la vérité. » (François Rabelais)

Quatrième de couverture :

Paris, 1900. Guy de Timée, romancier à succès, vit pourtant dans les combles grinçants d'une maison close. Du jour au lendemain, il a tout plaqué. Femme, enfant, amis, réussite, il n'a plus supporté la pression, celle de réussir par tous les moyens, celle d'écrire ce qu'on attend de lui. Il a décidé de se lancer dans un roman policier qui plonge dans les bas-fonds de la civilisation, de ce Paris que le monde entier admire. Il veut être confronté au sang et à la violence. A la mort, qu'il appelle de tout son être. Elle va surgir au milieu de la nuit en la personne de Milaine, jeune prostituée du lupanar, assassinée dans des circonstances particulièrement étranges. Et si elle n'était pas la première ? Qui rode dans les rues de la capitale, dans l'ombre de l'Exposition Universelle ? Quel est le sombre dessein de ce tueur de femme, qui ne laissera bientôt derrière lui que des costumes de peau ? En compagnie de la mystérieuse Faustine, de l'inspecteur Perotti et d'Yoshito, un Japonais impressionnant, sumo déshonoré, Guy va tenter de le découvrir... Des cercles ésotériques de Paris aux merveilles de l'Exposition universelle, ils vont peu à peu mettre à jour un terrifiant secret, celui qui fascine tout homme depuis la naissance de la civilisation : le contrôle du temps.

*****

C'est officiel : ce garçon sait tout faire ! Certes, on savait déjà qu'il excellait en matière de thriller, mais jusqu'à présent c'était plutôt des thrillers contemporains. Or ici nous sommes à Paris en 1900, lors de la fameuse Exposition Universelle, et bon sang on s'y croirait ! Non seulement l'intrigue est aussi bonne que d'habitude, mais Chattam excelle dans sa description de l'atmosphère de cette époque tout à fait particulière. On s'attend à tout moment à voir surgir Sherlock Holmes, Jack l'Éventreur ou même Adèle Blanc-Sec. Un vrai bonheur !

Des prostituées assassinées, des scènes de crime mystérieuses et sanglantes, des séances de spiritisme, des visites à l'Exposition Universelle, des égouts hantés par une créature sanguinaire, des policiers classant des affaires sordides pour ne pas qu'elles entachent la vision de la France à un moment où le monde entier est tourné vers elle à cause de l'exposition, une étude graphologique, un écrivain fuyant sa famille, une courtisane repentante, un flic plutôt timide et discret... Voilà en quelques mots ce qui vous attend si vous décidez de tenter l'aventure Léviatemps. Et croyez-moi, vous ne serez pas déçus !

Maxime Chattam, Léviatemps (2010)
Albin Michel, 443 pages.

En écoute : Acquiesce _ Oasis

30 septembre 2011

Harlan Coben, Sans laisser d'adresse

9782266210829FS « Ce n'est plus souvent que la perte des choses qui en enseigne la valeur. » (Arthur Schopenhauer)

Quatrième de couverture :

Retrouver, après sept ans de séparation, une femme sublime à Paris. Un programme a priori réjouissant. Sauf quand l'amant s'appelle Myron Bolitar, agent sportif : sur place, les ennuis ne tardent pas à arriver. Son amie Terese est mêlée à un meurtre. Sur la scène du crime, du sang, beaucoup de sang : celui de la victime mais aussi celui de la propre fille de Terese... morte dans un accident des années auparavant.

« Un volume du meilleur cru. » Femina

*****

Harlan Coben est l’un de mes auteurs favoris et je suis stupéfaite de ne pas encore vous en avoir parlé. Certes, je pourrais attendre d’avoir lu Sans un adieu, son dernier livre paru chez Pocket il y a peu, mais voilà, je n’en ai pas envie ! ^^ La raison c’est que, même si on part du principe que j’adore tous ses livres, je trouve celui-ci particulièrement bien ficelé et réussi, avec une intrigue et une révélation finale qui m’ont littéralement scotchée. Et puis, aussi, parce que ce livre fait partie de la série Myron Bolitar contrairement au prochain ;-)

Car si j’apprécie tous les livres du sieur Coben, ce sont ceux sur Myron Bolitar que je préfère. Et pourtant, j’avais une grande appréhension a début ! Pourquoi ? Parce que le sport et moi ça fait deux et que Myron Bolitar est agent sportif, et même si ses livres sont rangés au rayon thriller, bah je ne savais tout de même pas trop à quoi m’attendre. Toutefois, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que je n’avais rien à craindre de ce côté là et pour littéralement tomber amoureuse de cette série. J’ai dis un jour que lire un Myron Bolitar c’est comme manger de la « pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes » (hum, je ne cite pas de marque, on ne sait jamais xD) à la petite cuillère, et je le pense toujours sincèrement. C’est que non seulement les intrigues sont bonnes, mais c’est surtout remarquablement bien écrit, rempli d’humour et de personnages savoureux. Si vous aimez les bons dialogues vifs, plein de répartie et de répliques bien senties, ces livres sont faits pour vous – personnellement je me prends toujours quelques fou-rires par tome. Impossible également de ne pas tomber sous le charme de Myron, Win, Esperanza ou même Big Cindy – dont les descriptions sont toujours assez… pittoresques ! Bref, c’est toujours un moment de plaisir et de détente absolu et ça fait du bien !

Pour ce qui est de ce tome-ci – le dernier en date et il est important que je vous dise qu’il faut impérativement les lire dans l’ordre car la toile de fonds prend suffisamment de place pour qu’on soit perdu si on commence en cours de route – comme je vous l’ai dit l’intrigue, et surtout son dénouement, est particulièrement bonne. Attention, elle l’est toujours, mais disons que Coben est allé un cran au-dessus cette fois, au point que j’en suis restée comme deux ronds de flan. En contrepartie, il s’agit d’un tome qui peut peut-être s’avérer un peu plus sérieux que les autres.

Voilà, mon « oubli » est donc réparé et je peux vous donner rendez-vous pour la critique de Sans un adieu – ce qui est finalement la seule critique que je ferai : traducteurs français, par pitié, un peu d’inspiration pour les titres que diable ! Parce qu’avec Sans un adieu, Sans laisser d’adresse et Sans un mot, ça serait bien un chouïa répétitif !

Harlan Coben, Sans laisser d'adresse (2009)
Pocket, 404 pages. Traduit de l'anglais par Roxane Azimi. 
Titre en V.O. : Long lost.

En écoute : The Islander _ Nightwish

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 > >>
Blog d'une Serial Reader
Publicité
Archives
Blog d'une Serial Reader
Publicité