Franck Thilliez, Le Syndrome [E]
« Presque tous les faits historiques sont en réalité à base d'effets hystériques. » (Jacques Sternberg)
Quatrième de couverture :
Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle... Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille. Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés... Il n'en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé. Deux pistes pour une seule et même affaire qui va réunir Henebelle et Sharko. Des bidonvilles du Caire aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux équipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d'une réalité effrayante. Ceux qui ne connaissent pas le syndrome [E], ne savent pas de quoi ils sont capables...
« (...) une intrigue captivante, qui scotche le lecteur à son fauteuil, jusqu'au point final. » Y. P. – Le Monde Magazine
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Je n'avais encore jamais eu l'occasion de vous en parler, mais Franck Thilliez fait partie de mes auteurs favoris dont j'ai lu tous les ouvrages sortis en édition de poche. Je me souviens l'avoir découvert il a quelques années grâce à la chronique de Gérard Collard dans le Magazine de la Santé, dans laquelle il avait présenté son roman La Chambre des morts. Sa critique était dithyrambique, celle de Marina Carrère d'Encausse également, et après ça il était impensable que je ne me le procure pas. Depuis, Gérard et Marina sont devenus tout comme moi des fans inconditionnels de Thilliez, présentant chacun de ses livres à leurs sorties et le recevant même en plateau, faisant de lui un habitué de l'émission. « Un auteur de thrillers invité dans une émission sur la santé ? », allez-vous me dire. C'est qu'une des caractéristiques de Thilliez est de pratiquement toujours mettre au cœur de ses enquêtes un élément ayant trait de près ou de loin à la santé, qu'elle soit physique ou le plus souvent mentale, ce qui en fait souvent des romans passionnants et très instructifs car, au-delà de la fiction, on apprend véritablement plein de choses, Thilliez se basant toujours sur des faits totalement véridiques.
J'ai donc commencé mon exploration de l'œuvre de Thilliez par La Chambre des morts, et ce qui est marrant c'est qu'elle aurait très bien pu s'arrêter là, car si j'ai été totalement séduite par l'intrigue, j'ai eu un peu de mal avec le style d'écriture. Pour être plus précis, il ne s'agissait en fait que d'un tout petit détail de rien du tout mais que j'ai relevé tout au long du roman : je trouvais son utilisation des points de suspension tout à fait étrange. En gros, je le trouvais incapable de les placer correctement. C'est bête, certes, mais quand on sort sans cesse de l'histoire pour remarquer des points de suspension mal placés, ça gâche un petit quelque chose tout de même. L'histoire étant néanmoins excellente, j'ai fait fi de cette imperfection et ai décidé de continuer à lire ses romans, pour le meilleur ou pour le pire. Ce fut heureusement pour le meilleur car non seulement ces intrigues sont toujours aussi bonnes voire même meilleures que celle de La Chambre des morts, mais je n'ai plus jamais remarqué cette imperfection depuis. Voilà pour la petite histoire.
Je suis assez contente, finalement, que Le Syndrome [E] soit le premier livre de Thilliez duquel je sois amenée à vous parler. Jusqu'à présent, bien que les ayant tous dévoré et adoré, mon préféré était La Forêt des ombres, qui m'avait vraiment aux trippes et fait sentir de vives émotions – notamment une scène avec un cochon qui m'avait furieusement donnée envie d'entrer dans le roman pour régler les choses moi-même ; ceux qui l'ont lu devraient se souvenir de la scène en question. J'en ai gardé un vif souvenir et, quoi qu'il arrive, il restera toujours parmi mes livres favoris m'ayant profondément marquée. Mais voilà qu'arrive Le Syndrome [E] et je dois avouer être du même avis que Marina Carrère d'Encausse qui affirme qu'il s'agit sans doute là de son meilleur. De savoir si c'est vrai ou pas, chacun en est juge, mais en tous cas c'est du vrai bon Thilliez ! On retrouve pour la première fois réunis dans un même roman les deux enquêteurs principaux de Thilliez, d'un côté le commissaire Franck Sharko, découvert auparavant dans Train d'enfer pour ange rouge et Deuils de miel, et de l'autre le lieutenant Henebelle, qu'on avait pu découvrir dans La Chambre des morts et La mémoire fantôme. Déjà rien que ça, c'est très bien, mais l'enquête qu'ils vont devoir mener, elle, va se révéler tout bonnement captivante, abordant des thèmes tels que le cinéma et tout ce qui a trait à l'image, à la lumière, aux images subliminales et même à l'ophtalmologie, mais aussi la neuroscience et en particulier le neuromarketing, ainsi que l'hystérie – notamment la cécité hystérique et surtout les phénomènes d'hystérie collective – , le cas véridique et terrifiant des orphelins de Duplessis, et puis bien sûr ce fameux syndrome E... Croyez-moi, une fois que vous aurez commencé ce livre il vous sera impossible de le lâcher !
Et puis il y a ce fameux film a l'origine de l'enquête et là je ne peux que dire chapeau ! Parce que ce film, s'il nous est bien sûr décrit en détails, on ne le voit évidemment jamais, et pourtant il se déroule devant nos yeux de la même manière et arrive véritablement à nous instiller cette sensation de malaise. Ah, la magie de l'écriture !
Bref, Le Syndrome [E] est un thriller haletant, captivant, passionnant et même dérangeant qu'il vous faut absolument lire ! Pour vous mettre en appétit, je vous invite à regarder cette interview de Thilliez au Magazine de la Santé – mais prenez garde, elle en dit éventuellement un peu trop à mon goût.
Franck Thilliez, Le Syndrome [E] (2010)
Pocket, 510 pages.
En écoute : If I was your vampire _ Marilyn Manson