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Blog d'une Serial Reader
5 juillet 2011

Anna Godbersen, Rebelles

1403a_couv-godbersen-rebelles-hd« I love you the more in that I believe you had liked me for my on sake and for nothing else » (John Keats)

Quatrième de couverture :

Des filles rebelles dans des robes sublimes font la fête jusqu'à l'aube. Des garçons irrésistibles aux sourires machiavéliques ont des intentions suspectes. Mensonges, secrets et scandales. Nous sommes à Manhattan… en 1899.

« Un roman glamourissime. » Jeune & Jolie

*****

S’il y a bien une vérité, c’est qu’on ne peut juger un livre à sa couverture ! Après la déception de Hush, Hush, qui avait pourtant une si sublime couverture, voici l’excellente surprise de Rebelles, auquel cette vilaine ne rend absolument pas justice !

Pour la petite histoire, si j’en suis venue à acheter ce livre, c’est parce que j’ai d’abord acheté Rumeurs sur un coup de tête, sans savoir que c’était le deuxième tome de celui-ci. Et lorsque j’ai compris, j’ai été horrifiée : je n’allais quand même pas lire « ça » ! Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, car aujourd’hui je suis complètement dingue de cette série ! Moi qui m’attendais avec horreur et dégoût à un livre pour ado une fois de plus classé au rayon adulte, plein de petites greluches écervelées dont l’unique soucis est de savoir quoi porter, ou à une sorte d’Harlequin des temps modernes – non pas que j’en ai déjà lu pour pouvoir comparer – et bien que nenni ! Bon, d’accord, ce n’est sans doute pas de la grande littérature, et il y a bien un petit quelque chose de Gossip Girl (la série du moins, car je n’ai jamais lu les livres), mais honnêtement ce fut un excellent moment de lecture – et addictif, en plus !

Le pitch ? – parce que faut bien avouer que la quatrième de couverture ne nous apprend pas grand-chose – : nous sommes dans les riches quartiers de Manhattan en 1899, dans une société rigide aux codes préétablis très stricts où le moindre faux-pas fait la une des journaux à scandales. La famille Holland, l’une des plus célèbres de la ville et autrefois l’une des plus riches, a de gros soucis financiers depuis la mort du chef de famille. Afin de sauver sa famille de la ruine, Elizabeth, l’ainée, se voit obligée d’épouser Henry Schoonmaker, joueur et coureur de jupons notoire. Un mariage sans amour qui n’enchante ni Elizabeth ni Henry. En effet, Elizabeth est depuis toujours amoureuse de Will Keller, le cocher de la famille, avec qui elle entretient secrètement une relation. Henry, de son côté, n’a aucune envie de s’engager, surtout pas avec une fille aussi sage, lisse et ennuyeuse qu’Elizabeth. Il a – entre autres – une relation avec Pénélope Hayes, la soi-disant meilleure amie d’Elizabeth, une peste manipulatrice. Pénélope est bien entendu furieuse à la nouvelle du mariage entre Elizabeth et Henry et est prête à tout pour qu’il n’ait pas lieu. Toutefois, Henry est bien loin de se soucier de Pénélope, puisque celui-ci va tomber follement amoureux – et ce pour la première fois – de Diana Holland, qui n’est autre que la sœur cadette d’Elizabeth. À tout ce beau monde vient s’ajouter Lina Broud, la femme de chambre d’Elizabeth. Lina a grandi en même temps que Will et Elizabeth, mais s’ils étaient autrefois amis, en grandissant ils se sont éloignés, prenant conscience de ne pas être du même rang. Lina, qui est amoureuse de Will, est jalouse d’Elizabeth et lui envie sa position sociale. Une fois renvoyée, elle va elle aussi chercher à devenir une lady. Oh, et un détail : le roman s’ouvre sur les funérailles d’Elizabeth…

Ce roman est à mon sens une vraie réussite ! D’une part, j’ai eu l’occasion de m’attacher à chacun des personnages et de comprendre leurs sentiments respectifs – même Pénélope ! – , ce qui est sûrement dû en partie au fait que chaque chapitre est consacré à un personnage différent. Ainsi, j’ai aimé Elizabeth, si sage en apparence mais qui se révèle être bien plus que ça, et j’ai compati avec elle lorsqu’elle a dû se fiancer à Henry. Et en même temps j’ai aussi aimé Lina et compris sa jalousie envers Elizabeth. J’ai détesté Pénélope, mais comment ne pas la comprendre quand, alors qu’elle s’apprête à dire à Elizabeth que son amant secret est Henry, elle apprend leurs fiançailles ? Mais ce qui m’a le plus plu, c’est l’histoire d’amour entre Henry et Diana ! J’ai complètement adoré ces deux personnages qui se sentent à l’étroit au sein de cette société où les apparences comptent plus que tout. J’ai failli croire au début qu’Henry était un salaud, mais en fait pas du tout. Certes, il aime boire, jouer et a de multiples aventures, notamment avec Pénélope car il trouve qu’elle n’est pas comme les autres – c’est loin d’être une fille sage et rangée et en apparence elle se fout pas mal des convenances – mais  il ne l’aime pas vraiment car il se rend bien compte qu’elle ne fait que manipuler les gens dans le but d’obtenir ce qu’elle veut, et pour ça elle agit différemment selon les circonstances – la reine des hypocrites ! Diana, en revanche, est réellement différente : les convenances l’étouffent, elle rêve de liberté et d’aventure, mais contrairement à Pénélope elle ne cherche pas à écraser les autres. Ce qui est marrant ici, c’est que des deux sœurs Holland, si c’est Diana qui rêve de s’échapper pour des contrées lointaines pour y vivre l’aventure de sa vie, si possible en compagnie de l’homme qu’elle aime, c’est la si discrète Elizabeth qui franchi le pas.

D’autre part, j’ai beaucoup aimé le fait que chaque chapitre commence par un document écrit sur lequel il sera basé – ce qui m’a un peu rappelé les interventions de Gossip Girl dans la série. Il peut s’agir de l’extrait du journal intime d’un des personnages, d’une lettre, d’un télégramme ou d’un petit mot que l’un des personnages envoie à un autre, ou encore d’un article de journal. Mais parfois, et c’est encore plus intéressant, il s’agit d’extraits de manuels souvent destinés aux jeunes filles de bonne famille ou à leurs mères et dont le but est de leur dire comment se comporter en société et ce en toute situation. Et là, je ne peux pas m’empêcher de vous en retranscrire quelques uns :

« Les jeunes fiancés trouveront toujours moyen de flirter ensemble, mais il est impératif pour la santé et le bien-être de la société qu’ils ne soient pas encouragés à le faire en public. On ne doit pas les voir se promener seuls en ville, spécialement au théâtre et aux dîners, où il faudra veiller à ce qu’ils ne soient pas assis l’un à côté de l’autre. Ils ne feraient que s’amuser ensemble et se taquiner, ce qui est inadmissible. » Mrs L. A. M. Breckinridge, L’art du savoir-vivre dans le grand monde.

« Une dame ne doit jamais perdre son sang-froid. Même sous une pluie torrentielle, elle doit avoir l’air joyeuse comme si de rien n’était. Si elle perdait contenance, alors elle ne tarderait pas à perdre également le respect de son entourage et de ses domestiques. » Guide Van Kamp d’économie domestique à l’usage des dames de la haute société, éd. 1899.

« La servante idéale s’éveillera avant sa maîtresse et lui préparera une cuvette d’eau chaude pour qu’elle puisse s’y laver le visage. Elle n’ira pas se coucher avant de l’avoir préparée pour la nuit. Dans la journée elle pourra solliciter, quand sa maîtresse n’aura plus besoin de ses services, l’autorisation de faire un petit somme. » Guide Van Kamp d’économie domestique à l’usage des dames de la haute société, éd. 1899.

Pour un roman qui ne se veut pas du tout historique, je trouve qu’il nous donne un bon aperçu de la société de l’époque qui y est très bien dépeinte.

En bref, j’ai adoré ce roman et je suis contente d’avoir su aller au-delà des apparences – comme quoi elles sont décidément trompeuses ! – pour plonger dans cette histoire passionnante ! Et le meilleur ? Il reste encore trois tomes à lire…

Anna Godbersen, Rebelles (2007)
Le Livre de Poche, 440 pages. Traduit de l'anglais par Alice Seelow. 
Titre en V.O. : The Luxe.

En écoute : Flightless bird, American mouth _ Iron & Wine

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