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Blog d'une Serial Reader
22 août 2011

Jean M. Auel, Les enfants de la terre, tome 1: Le clan de l'ours des cavernes

les-enfants-de-la-terre-1---le-clan-de-l-ours-des-cavernes-51300« Il y a peu de différence entre un homme et un autre, mais c'est cette différence qui est tout. » (William James)

Quatrième de couverture :

Quelque part en Europe, 35 000 ans avant notre ère. Petite fille Cro-Magnon de cinq ans, Ayla est séparée de ses parents à la suite d'un violent tremblement de terre. Elle est recueillie par le clan de l'ours des cavernes, une tribu Neandertal qui l'adopte, non sans réticence, ayant reconnu en elle la représentante d'une autre espèce, plus évoluée. Iza, la guérisseuse, Brun, le chef et Creb, le magicien lui enseignent les règles de la vie communautaire, leurs rites, leurs peurs, leurs audaces. Mais Ayla, la fillette blonde aux yeux bleus les surprend par sa puissance de raisonnement qui lui permet de s'adapter, de réagir rapidement et de ne pas être totalement dépendante de son environnement. Une différence qui ne tarde pas à faire d'elle une menace pour tout le clan, et à attiser la convoitise de Broud, le fils du chef...

*****

Tout le monde doit déjà avoir entendu parler des Enfants de la terre, cette fameuse saga en six tomes qui tient les lecteurs en haleine depuis 1980 et qui a un succès phénoménal. J’ai toujours su que je me laisserais tenter un jour, moi aussi, mais je ne m’étais pas encore lancée. C’est que ce n’est pas tous les jours qu’on lit des romans se passant à la Préhistoire, et au fond j’avais une petite appréhension – appréhension dont j’aurais fait fi s’il n’avait été question que d’un petit roman, sauf qu’en l’occurrence il s’agit de six pavés ! Mon appréhension était la suivante : n’allais-je pas m’ennuyer ? J’avais peur que le style de l’auteur soit plombant, peur d’avoir l’impression de lire un documentaire, peur de ne pas m’attacher aux personnages, que ce ne soit que descriptions barbantes réservées aux passionnés de cette période de notre histoire, qu’il n’y ait aucun dialogue, aucune émotion. En bref, j’avais peur que ça ne soit pas un livre – des livres – pour moi. Et bien que nenni ! J’ai rarement été aussi emballée par une saga. Loin d’être ennuyeuse, elle est au contraire passionnante, et ses personnages sont extrêmement attachants. Non seulement il y a des dialogues – du moins la transcription de ce que se disent les personnages, qui communiquent essentiellement par gestes – mais nous avons également droit aux pensées des personnages, ce qui contribue à l’affection que nous avons pour eux. Certes, les descriptions sont nombreuses, mais elles sont véritablement intéressantes. Je n’y connait rien sur la Préhistoire, mais j’ai cru comprendre que le travail de recherche et de documentation qu’a fait Jean M. Auel est incroyable, si bien que même si l’histoire est fortement romancée, une grande part de vérité se cache dans ces bouquins qui ont de véritables qualités documentaires.

Dans ce premier tome, nous faisons la connaissance du clan de l’ours des cavernes, un peuple Neandertal. Il est très intéressant de voir qu’à cette époque déjà les hommes vénéraient des esprits, dont l’importance est immense. Il y a des rituels très précis pour chaque moment important et rien ne doit être entrepris sans l’accord d’Ursus, l’esprit protecteur du clan. Chaque homme et chaque femme a également un esprit totem qui lui est attribué dans l’enfance par le mog-ur, le sorcier du clan, lors d’une cérémonie.

Autre point intéressant, c’est qu’il s’agit d’un peuple qui ne cherche pas à évoluer ou à faire des découvertes. Chacun d’entre eux nait avec la mémoire collective, la mémoire de leur peuple, de leur espèce tout entière, et ce depuis les tout débuts. Autrement dit, ils sont capables de se souvenir non seulement de choses auxquelles ils n’ont pas assisté, mais de toute leur évolution. Selon eux, les enfants ne vont pas apprendre à faire quelque chose, ils vont juste s’en souvenir. Et pour ce qui est de l’avenir, ils sont incapables de l’imaginer différent du présent.

S’il est difficile pour eux de faire face à la nouveauté, ils vont néanmoins finir par accepter Ayla et ses différences. Ses différences sont dues au fait qu’elle est une Homo Sapiens, dont les origines sont les mêmes que celles du peuple Neandertal, mais constitue une évolution différente de ces mêmes origines, une évolution plus avancée destinée à survivre alors que les Neandertal sont amenés à disparaître. Des différences physiques évidentes, mais aussi des différences intellectuelles. Ayla est grande, blonde aux yeux clairs, élancée ; elle parle, rit, pleure, est extravertie et insoumise ; elle apprend, elle raisonne. Les autres sont petits, bruns, trapus ; ils parlent par gestes, incapables d’émettre plus que quelques sons et grognements, incapables de rire ou de pleurer, ils sont plutôt calmes et introvertis. Chaque « espèce » a son intelligence, celle-ci est juste de nature différente. Ainsi, malgré son absence de « souvenirs collectifs », Ayla va être capable de les égaler grâce à sa capacité de raisonnement et d’apprentissage. Cette capacité de raisonnement va même l’amener à comprendre des choses que les autres ignorent. Ainsi les autres croient-ils que quand une femme a ses règles, c’est que son esprit se bat avec l’esprit d’un homme du clan. Lorsqu’elle tombe enceinte, c’est que son esprit a été vaincu mais a emporté avec lui une partie de l’esprit de l’homme – c’est pourquoi le totem d’une femme ne doit pas être trop puissant, sinon celle-ci a très peu de chance de tomber enceinte un jour. Jamais ils ne font le rapprochement entre rapport sexuel et bébés. La notion de père n’existe donc pas, l’homme considérant ses enfants comme les enfants de sa compagne. Ayla, elle, a fait le rapprochement entre les deux.

 Mis à part Broud, qui déteste Ayla, j’ai été extrêmement touchée par la façon dont ce peuple patriarcal si rigide, si ancré dans ses traditions est prêt à s’adapter à Ayla, comprenant que si elle est différente c’est parce qu’elle est une Autre. Ils pourraient juste décider de la chasser, mais ils sont prêts à essayer de faire rentrer Ayla dans leurs traditions, les modelant légèrement pour les rendre compatibles. C’est juste admirable.

La preuve que je suis totalement rentrée dans ce monde et me suis attachée aux personnages, c’est que la fin m’a bouleversée, réussissant presque à m’arracher quelques larmes. Je suis ravie, finalement, de voir qu’il me reste encore cinq tomes à lire, d’autant que je pense qu’il nous reste encore plein de choses à découvrir sur cette époque – cette ère, même – tout compte fait si passionnante.

Je suis assez étonnée de voir que chaque tome a été traduit par quelqu’un de différent, ce qui est assez inhabituel. D’habitude, c’est souvent le même traducteur qui est chargé des œuvres d’un auteur, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une série comme ici. Pour ma part je ne comprends absolument pas ce choix – d’autant que Philippe Rouard a fait un travail admirable –, et j’espère de tout mon cœur que l’histoire n’en pâtira pas.

Jean M. Auel, Les enfants de la terre, tome 1 : Le clan de l'ours des cavernes (1980)
Presses de la Cité, 372 pages. Traduit de l'anglais par Philippe Rouard. 
Titre en V.O. :
Earth's children : The clan of the cave bear.

En écoute : Listen to your love _ MONA

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