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Blog d'une Serial Reader
13 juillet 2011

Delphine de Vigan, Les heures souterraines

9782253134213FS« Dans la vie, il est des rencontres stimulantes qui nous incitent à donner le meilleur de nous-même, il est aussi des rencontres qui nous minent et qui peuvent finir par nous briser. » (Marie-France Hirigoyen)

Quatrième de couverture :

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les Heures souterraines, qui fut finaliste pour le prix Goncourt, est un roman vibrant sur les violences invisibles d’un monde privé de douceur, où l’on risque de se perdre, sans aucun bruit.

« Avec tendresse et légèreté, Delphine de Vigan met en scène deux personnes en détresse dans un Paris oppressant. » Robert Solé, Le Monde

« Delphine de Vigan est un écrivain des ombres. Ses personnages voudraient aimer, n’y parviennent pas, renoncent trop facilement, se cognent contre les murs, se relèvent, avancent. » François Busnel, L’Express

« Les Heures souterraines est ce roman contemporain qui nous raconte le ciel, comme notre fébrilité à attendre tout de la terre. » Yves Simon, Paris Match

*****

Mettons les choses au clair dès le début : si vous n’avez pas le moral, alors attendez d’aller mieux avant de le lire, car je vous le dis tout de suite, c’est loin d’être joyeux ! Pour tout vous dire, moi qui allais très bien, ben il m’a carrément plombé le moral. Et pourtant ! C’est un livre que chacun de nous devrait prendre la peine de lire car il met en lumière avec un réalisme saisissant le délicat problème du harcèlement moral au travail, qui reste à mon sens encore beaucoup trop méconnu – par rapport au harcèlement sexuel, par exemple – alors que de plus en plus de personnes en sont victime.

Mathilde est une mère célibataire de 40 ans qui subit ce harcèlement moral depuis à présent huit mois. Son histoire nous fait comprendre à quel point ce type de harcèlement est sournois, passant par des tas de petits détails qui minent progressivement non seulement le moral de Mathilde, mais surtout sa confiance en elle. D’une certaine façon, c’est un harcèlement silencieux – pas de disputes, pas d’esclandres, pas de vraies insultes à proprement parlé – mais persistant, tenace, répétitif, quotidien. Soudainement plus personne ne lui parle, elle n’est plus tenue au courant de ce qui se passe, on ne la sollicite plus, les discussions stoppent net à son arrivée, on donne son bureau à quelqu’un d’autre tandis qu’on la relègue dans une pièce à peine plus grande qu’un placard, ses mails n’arrivent jamais à destination, les pots de départ se font sans elles… et surtout, son patron nie bien évidemment obstinément les faits. Le plus dur étant d’en parler à quelqu’un, d’arriver à décrire la situation et depuis quand elle dure – d’autant que quand Mathilde se décide à parler à un syndicaliste, pourtant prêt à tout pour l’aider, elle en est à un stade où c’est à peine si elle a encore la volonté de se battre. Et comment l’en blâmer quand on voit l’ampleur de la tâche qu’elle devrait remplir, autrement dit absolument tout consigner par écrit dans les moindres détails, tout en continuant bien sûr à tenir bon, à résister à l’envie de démissionner. Dans ce cas-ci, ce qui aide d’autant moins Mathilde, c’est qu’elle est désespérément seule : si elle avait toujours eu son mari, ou quelqu’un d’autre à retrouver tous les jours à la maison – quelqu’un d’adulte, veux-je dire – , peut-être se serait-elle plus vite confiée, mais là quand elle rentre il faut qu’elle soit forte car elle est seule pour s’occuper de ses trois enfants. Quant à en parler à une amie ou à un membre de sa famille, je crois qu’elle en tout simplement trop honte pour le faire. Mais au fond je n’en sais rien, peut-être que la présence de son mari n’y aurait changé.

Et puis il y a le personnage de Thibault, médecin urgentiste qui sort avec une femme qui ne l’aime pas et qui décide de la quitter. Mais honnêtement, j’ai trouvé son histoire sans grand intérêt, surtout comparée à celle, bouleversante, de Mathilde. Un instant on espère qu’elle et lui se rencontreront et qu’ils se sauveront mutuellement, mais un happy end n’a malheureusement pas sa place ici.

En résumé, choisissez bien votre moment pour lire ce livre, mais surtout lisez-le et faites passer !

Delphine de Vigan, Les heures souterraines (2009)
Le Livre de Poche, 248 pages.

En écoute : Something in the way _ Nirvana

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Commentaires
J
Comme toi, ce livre m'a vraiment déprimé, quand on le referme, on se prend une grosse claque dans la figure.La vie est assez déprimante comme ça. Personnellement, je préfère lire des livres plus optimistes. <br /> Je met ton billet en lien sur mon blog.
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